Cette année, nous allons visiter le gouffre mythique du Berger. Nous profitons de la campagne de dépollution annuelle organisée par Rémy Limagne pour réaliser cette cavité historique. La descente est prévue initialement pour le jeudi 22 juillet, mais les conditions météorologiques ont compliqué l’équipement jusqu’au fond; il est fait mais il y a beaucoup d’eau. Seules les deux équipes de – 600 feront le Berger ce jour-là, les autres prennent la décision d’attendre une journée en plus pour espérer une diminution de l’eau.
–La première équipe composée de Faustine, Caro et Gil (par Faustine) démarrent du campement à 7h30 afin de réaliser notre objectif de l’année 2021 : Aller jusqu’au -650m dans la grotte du Berger ! Arrivés au parking après une demi-heure de route, nous nous apprêtons et débutons la marche d’approche d’une heure. A l’entrée de la grotte, nous découvrons une tonnelle sous laquelle il y a une valise contenant le carnet des départs et retours du Berger. Après nous être équipés et avoir caché nos sacs, nous nous inscrivons. Les Polonais arrivent en grand groupe et nous entendons Amaury râler au loin, ils nous talonnent déjà, nous filons sous terre après avoir échangé quelques phrases. La descente se fait relativement rapidement, les méandres sont « faciles ». De toute façon, après le Souffleur, tout est facile! Au bas des puits, nous cachons une bouteille d’eau à la vue de tous en espérant que personne ne se serve. Plus bas encore, Gil et Caro placent fièrement la rubalise que Rémy leur a confié. Mission accomplie, ou presque. Nous continuons notre progression. Devant chaque panneau, nous essayons de nous situer et continuons. Nous nous émerveillons devant la grandeur des galeries et la beauté des concrétions. Et, plus particulièrement, devant la beauté des gours.
Pendant une courte pause, nous nous faisons dépasser par les Polonais, bien chargés.. Alors que nous traversons les éboulis, Faustine se remémore les éboulis de la pseudo traversée en Espagne. C’est alors que Caro, dans un élan de camaraderie, dit : « Maintenant c’est le plus dur, les éboulis sont super longs », merci Caro! Plus tôt que nous le pensions, merci Caro, nous distinguons le bivouac du -500. Nous nous y arrêtons un instant et y laissons nos kits pour le reste de la grotte. Peu avant la fin, Faustine commence à fatiguer. Caro la remotive un coup et, en moins de deux, le -650 pointe son nez ! 5h de grotte ont passé. Gil sort une surprise de taille de son mini-kit, des chiques !
Après quelques photos, nous nous remettons en route. Des voix se font entendre, Amaury, CaroT et Déb’O nous accueillent. Nous décidons de continuer rapidement : « il est temps qu’on remonte » selon Faustine et pour l’autre groupe, leur objectif n’est pas bien loin. Quel bonheur de revoir le bivouac du -500, synonyme d’une pause bien méritée. Nous nous offrons le réconfort de ponchos et couvertures de survie avant de sortir soupe, café ou nouilles aux crevettes. Après une première longue pause, nous nous remettons en route. La remontée des éboulis est difficile mais bien vite terminée. La fatigue commence à se faire sentir, personnellement, j’ai du mal à me souvenir d’autre chose…
A l’approche des puits, nous faisons notre deuxième et dernière longue pause. Un chocolat chaud, une soupe, deux ponchos et une doudoune, que demander de plus ? Notre rubalise plantée devant nous nous annonce le début des puits et des méandres. Nous y remplissons des bouteilles à l’aide des pailles filtrantes. Et la remontée commence ! 1. La bouteille est toujours là ! 2. Enchainement de puits lentement, surement et épuisamment (parler français c’est pour les gens pas fatigués) 3. Les méandres ont changés c’est sûr ! Pourquoi sont-ils plus difficiles au retour qu’à l’aller ? 4. Purée la sortie est proche mais pourquoi mes bras sont-ils si faibles ? 5. Aïe, j’ai mal au dos ! 6. En fait on est tous fatigués
7. Que personne ne me parle, même moi j’en chie 8. C’est marrant de compter en Charlotte 9. Comment ose-t-elle dire « Mais non il reste plus que ça » ? 10. Il fait plus chaud, en fait on est dehors… 22h45. Et merde… mon réveil sonnera dans ma tente dans 15 minutes, je vais me faire tuer ! Sinon, on a quand même fait le Berger, en passant. Gil récupère nos sacs, nous nous habillons. Après des « Top-là », des étirements bizarres et des craquements de dos, nous décidons de partir pour notre marche de retour. Au vu des catadioptres dans les bois, nous nous rendons compte que la marche est bien plus simple la nuit que le jour, niveau orientation, parce qu’il faut l’avouer, on a mis 30 minutes de plus qu’à l’aller. Mais on va dire que c’est à cause du taureau qui nous barrait la route, sans parler du lynx qui marchait juste derrière Gil et Caro. En voiture, nous croisons, un, deux, trois, quatre, cinq, à dix on boit un verre ! Six, sept, huit, un demi ? Et neuf renards ! Trop chou ! Ca nous a tous tenu éveillés. Retour au camping 01h45, sur la table, un petit mot : « Vous êtes les meilleurs ». Evidemment… Repas et dodo… ZZZZZzzzzz.. TPST: 12h30
-La seconde équipe composée de CaroT, Déb’O et Amaury (par Amaury) se met en route pour le parking de la Molière une heure après les autres. Après un trajet ponctué d’indications plus que douteuse du GPS, nous arrivons au parking. Nous commençons la randonnée en slalomant entre les vaches. Après 45 min, nous arrivons à l’entrée du gouffre où nous retrouvons la première équipe prête à y entrer. Environ 1h plus tard, nous sommes prêts. Nous descendons la première partie de la grotte composée de puits et de méandres (« c’est beau ! »). Aucune difficulté de progression notable, si ce n’est un « anh ! non ! Mon descendeur est tombé ! » de Déb’O au milieu d’un méandre, heureusement il est rapidement et facilement récupéré.
Nous poursuivons la descente par la Grande Galerie (« c’est grand ! ») et arrivons au ressaut de 10m … « Il devait pas y avoir un lac quelque part ? T’as vu une vire toi ? Boh …» Nous franchissons les Grand Éboulis et descendons les superbes gours à l’aval de la Salle des Treize. Peu après nous croisons les copains de la première équipe qui commencent à remonter. Quelques minutes plus tard, nous arrivons au vestiaire, objectif atteint ! Après le selfie de circonstance, nous amorçons le retour ponctué de photos. Au bivouac de la Salle des Treize, nous effectuons une pause Royco/Aiki. Nous poursuivons la remontée par les éboulis « c’était pas plus long tout à l’heure ? », passons les deux ressauts et arrivons à la zone boueuse « hé mais c’est pas ça le lac en fait ?! » et nous atteignons la base des puits que nous remontons.
Amaury se plaint dans les grandes longueurs, Déb’O rencontre quelques difficultés dans les méandres et CaroT … ben tout va bien! Nous sommes à la sortie, super content, à 1h45 23h45 (« ah non c’est mon téléphone qui déconne, ça m’étonnerait qu’on soit le 2 janvier »), soit exactement 1h après le premier groupe ! Après 1h30 de marche de retour sous la pleine lune au milieu des vaches, nous arrivons au parking puis enfin au camp à 2h du matin. TPST:12h30.
-Pendant ce temps, la 3e équipe avec Arnaud, Sylvain, Solenn et Charlotte (par Charlotte) font la grasse matinée pour un objectif resto! C’est au parking de la Molière qu’on l’atteint, après 3 km de rando. Ensuite, nous réalisons la marche d’approche pour rejoindre le Berger pour déposer nos affaires à l’entrée pour être plus léger le lendemain. À 18h, briefing de Rémi qui nous explique les passages clés et nous donne comme mission de revisser les Spits. Pour le repas, carotte, ebly, saucisse qui semblent puer la mort! A 22h, Charlotte se lève énervée prête à frapper les voisins et leur musique de téléphone insupportable…mais c’était pas les voisins!
C’est de bonne heure et de bonne humeur que nous attaquons cette journée, non sans vérifier que les copains sont bien rentrés cette nuit! Lever à 5h30, départ 6h30, pour rentrer sous terre à 8h30. Tout va bien, jusqu’à ce que ………. Sur le lapiaz à l’entrée du Berger, nous rencontrons un Polonais désespéré qui nous explique que son équipe a eu un problème sous terre. Nous décidons de lui proposer notre aide quand l’organisation nous contacte pour cette même raison et nous demande d’être la première équipe de secours. Nous acceptons en souriant nous rappelant un certain Camp en Espagne où la première équipe de secours était identique! Dans nos têtes, nous changeons d’objectif, le fond du Berger n’a plus d’importance, il faut aider les copains! Nous commençons donc la progression en enchaînant les puits quand nous croisons deux Polonais. Ils nous expliquent par un anglais impeccable, que les deux perdus ont été retrouvés et qu’ils vont essayer de ressortir de la grotte par eux-mêmes tranquillement. Rassurés, nous gardons le même rythme jusqu’à la base des puits où nous rencontrons le reste de l’équipe polonaise en bonne santé mais très fatiguée. Nous comprenons qu’ils se sont séparés au niveau des cascades, et vu les claques que leur mettait leur copine, ca ne devait pas être leur meilleure idée!
Nous leur proposons de l’aide qu’ils refusent poliment en nous promettant une bière à notre sortie! Nous voilà donc dans les grandes salles pour la suite de notre aventure, l’esprit plus léger. Nous mettrons en tout 3h pour descendre jusqu’au vestiaire et encore 5h pour atteindre le fond. Les Couffinades et le Nirvana sont compliqués à passer de par leur équipement, heureusement la Grande Cascade et le Puits de l’Ouragan sont moins flottés et impressionnant que l’on s’attendait. Nous dépassons l’affluent pour atteindre les 1100 où une petite séance photo s’impose. On trinque évidemment avec la Jupiler de la victoire emmenée pour l’occasion.
La remontée se fait laborieusement grâce notamment aux 100 mètres affreux du Grand Canyon, aux nœuds au milieu des rappels guidés, aux spits qui restent en mains, aux nombreuses cordes tonchées encore présentes sur le parcours et à la force demander dans les bras pour passer les obstacles dues au manque d’amarrage…. heureusement dans un environnement extrêmement beau. Il est minuit quand nous atteignons les vestiaires. Soulagement général car le plus dur est fait, le flambi qui sert de muscle dans les bras des filles n’a pas craqué et le mental des gars peut enfin se lâcher! Nous décidons de remonter jusqu’au – 500 pour manger notre souper. Le reste de la remontée est fatigante mais sans difficulté. Nous sortons contents à 8h du matin.
On ne s’étendra pas sur la topo oubliée mais en fait non, l’inscription sur place de notre descente pour le 28 juillet, l’endormissement sur les cordes, le sang par terre, la coupure de lumière en plein puits Aldo, que la Salle des 13 sent la crêpe bretonne et le fait que les garçons sont de vraies pipelettes avec les inconnus quand ils ne font plus de social pendant une journée! TPST: 24h
Grotte extrêmement active, Rémy nous expliquera que cela a une incidence sur l’équipement du fond et répond à notre étonnement que cette classique ne soit pas entièrement brochée.
Dans la soirée, les 3 équipes reformées, nous avons trinqué ensemble et avons bu à la santé de Rémy, des co-organisateurs, des équipeurs, des responsables de la section RCAE, et de tout ceux qui nous ont aidé et encouragé dans ce projet. Parce que sans eux, nous n’aurions pas eu d’objectif cette année, un objectif qui a tenu le club hors de l’eau dans cette période où la spéléo nous a été interdite durant presqu’un an. Un objectif qui a rassemblé les membres et a montré plus que jamais leur solidarité. Cette solidarité renforcée par l’ambiance belge qui fait la force de notre club, et c’est grâce à des irréductibles comme Rémy et tous les autres, que cette force est aujourd’hui plus présente que jamais.
Participants: Gil, Faustine, Caro, CaroT, Amaury, Déb’O, Sylvain, Solenn, Charlotte et Arnaud D (CRSL)